jeudi 26 novembre 2009

L'échec et la réussite - 1ère partie

Avez-vous vécu les affres d’être complètement poche dans une matière à l’école? C’était mon cas en mathématiques. Bouché, je vous dis, rien à faire. Et cela a commencé dès la première année : on devait apprendre à soustraire. Passe toujours pour l’addition, mais pourquoi diable fallait-il en enlever? J’ai finalement résolu ce « problème » en 3e année et je me souviens très bien du jour où j’ai lancé un grand cri intérieur de joie.

Le prof de 6e m’a cependant rabattu le caquet. Après avoir raté un autre examen de maths, il m’a demandé de me lever devant toute la classe et m’a fait la morale à savoir que, si je ne travaillais pas davantage pour obtenir de meilleures notes, je ne ferais jamais rien de bon dans la vie car les maths ouvraient toutes les portes. La notion de renforcement positif n’existait pas à cette époque. Il s’en est même pris à mes parents qu’il qualifiait d’irresponsables. C’était faux, archi faux et sans rapport. Blessé, humilié, je me suis effondré en larmes.
Puis-je vous dire que j’ai trouvé mes années au secondaire passablement longues? Et encore, je faisais mes humanités, le « cours classique » comme on l’appelait. Heureusement, car il y avait moins de mathématiques. Mais comme je n’arrivais jamais à terminer l’année avec la note de passage de 50% dans cette matière, j’avais droit à un examen de reprise. Je remerciais intérieurement à chaque année le correcteur qui me faisait « passer » avec… 50%! Aujourd’hui, cette note est de 60%; j’aurais donc échoué.
Est-ce que le fait de ne pas obtenir la note de passage dans une matière fait de moi un nul? Est-ce que, à l’inverse, performer dans toutes les matières signifie que je saurai m’accomplir dans un travail plus tard et que je serai heureux dans ma vie en général ? La réponse, vous en conviendrez avec moi, est non dans les deux cas.
Aujourd’hui, je vois beaucoup de livres, d’articles, de conférences et d’ateliers sur la réussite et le succès. Cela m’amène à me questionner sur cette notion. Quand peut-on affirmer avoir réussi? Qu’est-ce que le succès? Où trace-t-on la ligne entre les deux? Prenons mon exemple aujourd’hui. J’ai écrit un livre (oui, oui, il sera publié bientôt). Avant de trouver le titre définitif, je l’avais intitulé «Mon best seller mondial» (c’est l’effet Le secret).
Bon. Si je n’en vends pas beaucoup, on pourrait qualifier cela d’échec. Si par contre j’en vends un million, qu’il est traduit dans plusieurs langues et qu’il m’amène à voyager sur trois continents pour donner des conférences, on dira que c’est un succès. Et si j’en vends « moyennement », est-ce que ce sera un demi-succès ou un demi-échec? Pourquoi l'échec et la réussite sont-ils définis en fonction de chiffres et de performance?
Dans le fond, je n’ai pas écrit un livre pour en vendre des millions. Mon intention était d’aider des gens qui vivent des passages difficiles afin qu’ils retrouvent la lumière le plus vite possible. Cela peut paraître cliché de dire que, si je n’en vendais qu’un seul et que cet exemplaire sauve une vie, j’aurai « réussi ». Mais c’est vrai. Et si j’en vendais des millions, j’aiderai sûrement davantage de personnes. J’aurai aussi « réussi ». Dans les deux cas, je serai millionnaire.
Le sage en moi (nous en avons tous un) me dit que chaque personne qui sera attirée par ce livre en aura besoin précisément à ce moment-là dans sa vie. Le nombre de personnes est secondaire. Mon intention et leur intention se seront rejointes. On appelle cela une communion.
En somme, comme le dit souvent mon amie Dodo, « tout est parfait ». Gracias.

lundi 12 octobre 2009

Merci la pluie !

«Je viens d’un petit village en montagne » raconte mon ami Brésilien. «Il ne pleut à peu près jamais. On doit se rendre à la ville pour rapporter l’eau potable par camion. Tu peux imaginer ce que c’était avant l’arrivée des véhicules à moteur! Et tu sais quoi? Lorsqu’il pleut… enfin…, les villageois s’exclament: "Il fait beau!" Et c’est la fête.»

Cette histoire m’a fait réaliser à quel point l’être humain porte constamment des jugements. En voulant qualifier quelque chose, comme une situation ou un comportement, il juge et définit subjectivement le tout en lien avec le bien et le mal, le bon et le mauvais, le beau et le laid…
Pourquoi dit-on «Il fait beau» ou «Il fait mauvais» (jugement) plutôt que «Il fait soleil» ou «Il pleut» (observation)? Cela voudrait donc dire, dans le premier cas, que le soleil est bon et que la pluie est mauvaise. Parlez-en aux gens de ce petit village du Brésil…
Il y a plusieurs années de cela, alors que j’étais directeur du service à la clientèle, j’allais à la banque chaque jour pour y faire le dépôt. J’ai souvent entendu les Québécois se plaindre de la température, mais jamais autant que la caissière qui me recevait au comptoir commercial.
- Avez-vous vu la température mon cher monsieur, si ça l’a du bon sens ! On reste dans un foutu pays.
Et s’il faisait «beau»…
- Pour une fois qu’il fait beau, on doit travailler. Pas de danger qu’on aurait pu avoir ce temps-là en fin de semaine dernière.
J’ai vite compris que ce n’était pas juste une question de météo… Alors, invariablement, je répondais: «Par chance qu’il fait beau dans nos cœurs, n’est-ce pas ma chère dame»?

Mais pourquoi donc se laisse-t-on influencer par la température? Pourquoi devrait-on être de bonne humeur quand il fait soleil et déprimé quand il pleut?
Le thème du pouvoir est à la mode ces temps-ci. Tout un chacun, moi inclus, dénonce le fait que l’on remet trop facilement notre pouvoir entre les mains des autres et qu’il est grand temps de le rapatrier. Pourquoi alors laisser la température influencer son humeur? L’être humain n’a-t-il pas suffisamment de pouvoir pour décider de sa propre humeur? Pourquoi ne pas simplement mettre du « beau temps » dans son cœur et rayonner?


Photo: Lawrence Roseberry

Lorsque j’étais enfant, mon père me faisait asseoir sur le balcon pour regarder la beauté des orages. J’aime la
pluie et je crois que ça vient de lui. Combien de fois suis-je sorti m’amuser sous la pluie avec un poncho et des bottes en caoutchouc, ou en costume de bain?

Bien des années plus tard, je me souviens avoir fait le tour du Lac Saint-Jean, pendant des vacances estivales. Ce fut l’un des plus beaux voyages de ma vie. Pourtant, il pleuvait à peu près tout le temps. J’ai simplement voyagé autrement.
Chaque goutte d’eau est un sourire que les nuages nous envoient. Notre corps est constitué de 90% d’eau. L’eau est source de vie et c’est pourquoi des milliers d’êtres humains meurent à chaque jour par manque d’eau potable.
Aujourd’hui, c’est l’Action de grâces et j’ai simplement le goût de dire MERCI LA PLUIE!

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J’ai eu l’idée d’écrire cet article après avoir visionné l’émission spéciale de Guy Laliberté, Mission sociale poétique De la terre aux étoiles pour l’eau. On peut revoir ce conte planétaire, qui dure 2 heures, à l’adresse suivante : http://premium.onedrop.org/
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Une amie, Lucie Deblois, a écrit un roman fantastique, Le code du Samuist, pour la protection de l’eau et l’utilisation efficace de notre imaginaire. Pour les amants de l’eau de 7 à 77 ans.
http://www.lecodedusamuist.com/pages/accueil.php

Laissez-moi vos commentaires…

dimanche 27 septembre 2009

La joie de vivre

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Tout cela a commencé par une petite annonce. On demandait des bénévoles pour faire de l’écoute téléphonique au Centre de prévention du suicide (CPS) de Québec.

Quelque temps auparavant, je cherchais une façon de travailler pour une cause. C’était une période « tranquille » de ma vie, je naviguais en eaux calmes et j’avais le goût de partager ce bonheur en donnant un peu de mon expérience de vie. Au CPS, on ne recherche pas des professionnels en relation d’aide. On accueille plutôt des aidants naturels, des personnes bien dans leur peau, qui ont un certain vécu et qui ont le goût d’aider.

On reçoit d’abord une formation, puis on s’installe au téléphone. Les premiers temps ont été plutôt difficiles. Oui, il m’est arrivé de pleurer – sans le démontrer – en écoutant l’histoire de certaines personnes. J’accueillais leur souffrance et elle me touchait profondément. Je me suis rapidement rendu compte que, si je restais au niveau des émotions, je ne serais pas d’une grande utilité. J’ai compris qu’il me fallait être assez sensible pour ressentir la peine et la souffrance de la personne et assez insensible pour être en mesure de l’aider.

À cette époque (milieu des années 80), le CPS était localisé dans une bâtisse de la rue Saint-Jean. Les locaux se trouvaient à l’arrière du dernier étage. On voyait donc toute la basse ville de Québec jusqu’aux Laurentides. Souvent, je regardais la ville en me disant : « C’est à peine croyable, ces histoires se passent dans les maisons que je vois d’ici ». J’en ai entendu de toutes sortes, vous vous en doutez bien. Des femmes battues, des étudiants en détresse, des homosexuels qui ne s’acceptent pas et bien d’autres.

Je crois avoir contribué à sauver des vies. Je me souviens de cet homme qui avait appelé d’une cabine téléphonique. Il parlait normalement au début de l’entretien, puis il devenait de plus en plus confus et incohérent. Je lui demandai s’il avait ingurgité des médicaments et, après qu’il ait répondu par l’affirmative, je contactai le superviseur de garde. Il a pu intervenir à temps pour le sauver, avec l’aide des policiers et des ambulanciers.

Je me souviens également de cette mère qui venait de trouver son fils de 16 ans pendu au bout d’une corde. Pressentant que quelque chose n’allait pas, elle était entrée dans sa chambre... juste à temps. Elle appelait au CPS pour qu’on parle à son fils. Toute une expérience!

N’ayant pas nécessairement l’âme d’un thérapeute, je ne savais trop quoi dire pour désamorcer une crise. Heureusement, la formatrice nous avait enseigné que les bénéficiaires ont d’abord besoin d’être écoutés, ce qui me laissait généralement de 20 à 30 minutes avant d’avoir à intervenir. Là, je levais les yeux au ciel et… « Merci de m’aider à aider cette personne, merci de me faire dire les bonnes paroles pour qu’elle soit réconfortée ». Et combien de fois ais-je renversé une situation désespérée en lumière au bout du tunnel ? Mais je n’étais pas seul…

J’ai fait de l’écoute téléphonique pendant environ quatre années et j’en garde des souvenirs impérissables, les nuits de Noël comptant parmi les plus beaux. Non pas à cause des appels que je recevais car, pour la plupart des suicidaires, cette nuit était une nuit comme une autre. Ils n’en parlaient même pas. Cela concernait plutôt l’état dans lequel je me trouvais.

À l'époque, je vivais seul. Pendant la soirée, je fermais les lumières et j’écoutais de la musique de Noël. Je me souviens de ce fabuleux disque de Mahalia Jackson et de son célèbre Holy Night. Je regardais la neige tomber et j’étais rempli de joie. Minuit venu, il ne me restait qu’à la communiquer…

Il y a deux jours, l’auteure Nelly Arcand s’est suicidée. Je ne connais pas son histoire. Mais je sais qu’il y a plein de gens qui ne demandaient qu’à lui transmettre de la joie…

samedi 25 avril 2009

J'avais un rêve...

Dans mon livre à paraître au cours de l'année, je clame haut et fort que le bonheur est un état prenant sa racine à l'intérieur de nous et se manifestant vers l'extérieur. Il y a cependant ces petits bonheurs quotidiens qui nous rendent heureux et nous transportent de joie.

En voici un, et peut-être l'avez vous vécu aussi.

J'ai toujours aimé les oiseaux. Je crois que c'est mon père qui, le premier, m'a partagé cet amour envers ces merveilleuses créatures. Quand les merles arrivaient sur notre terrain, au printemps, il me faisait venir à la fenêtre pour que l'on observe ensemble les rouges gorges piétinant le sol, espérant qu'un ver de terre se pointe le bout du nez.

Et que dire des hirondelles ? Nous les avons observées si souvent quand elles dessinaient, sans raison apparente, des figures elliptiques dans un ciel nuageux. Quand deux de ces petites créatures sont venues faire leur nid sous le toit de notre porche, mon cœur d'enfant était comblé.

Des années plus tard, ce fut à mon tour de transmettre mon amour des oiseaux à mes garçons. Quelle joie de les amener observer les oies blanches à Cap Tourmente. Ce rendez-vous annuel était inscrit en lettres rouges sur le calendrier. Incontournable ! Des heures à les regarder arriver, décoller et simplement se reposer.

Je ne suis pas du genre à écouter une pièce de musique ou un film à répétition. Il y a cependant une exception. Quand Le peuple migrateur s'est amené sur nos écrans, j'ai acheté le DVD et je me suis fait plaisir. On m'a offert en cadeau le superbe volume dans lequel on retrouve plusieurs photos extraordinaires et, en prime, des photos prises lors du tournage. Les membres de l'équipe ont vécu, pendant trois ans, une relation privilégiée avec les oiseaux. J'étais content pour eux ; en fait, je les enviais, je ne m'en cache pas. Il y eut alors une pensée qui monta : "si cela pouvait m'arriver "! Et cette pensée se transforma en rêve.

J'ai installé des mangeoires sur le terrain. Les chardonnerets, les moineaux, les pics et les roselins s'en donnaient à cœur joie. La cour est devenue le rendez-vous de tout un peuple ailé. Les tourterelles tristes, les geais bleus, les merles et à l'occasion un couple de cardinals. Mais quand j'ai découvert les mésanges, je suis tombé en amour. Il fallait les voir cueillir les graines de tournesol, puis aller briser les écales sur une branche. Un jour, ma conjointe qui travaillait sur le terrain, parla à une mésange. Celle-ci s'amena sur une branche près d'elle, en fait à trois pouces de son nez, et se mit à lui répondre ! Elle en pleura de joie.

Par après, un couple d'amis me raconta comment ils nourrissaient les mésanges dans leurs mains. Mon rêve se précisait : je voulais plus que tout au monde vivre la même expérience qu'eux. À ce moment, je résidais dans le quartier Lebourgneuf, près du sentier de l'Escarpement. Les habitués nourrissaient les mésanges dans leurs mains. Une belle journée hivernale, alors que je déambulais le sentier, je m'arrêtai net : un couple était là, immobile, tenant des graines de tournesol dans leurs mains tendues vers le ciel l. Et les mésanges se posaient sur leur pouce pour les cueillir ! Quand le couple eut repris sa marche, je ne pus m'empêcher de leur dire à quel point je les trouvais chanceux. Sur ce, l'homme fouilla dans sa poche et me donna le reste de ses graines de tournesol.

Et mon rêve se réalisa...

Mésanges. Quel joli nom ! Mes anges...

Ce sont très certainement des oiseaux de bonheur...

mardi 31 mars 2009

Les barrières

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Je viens de recevoir le dernier exemplaire du magazine Vivre, dont le thème est l’autosabotage. J’abonde dans le même sens, à savoir qu’on a le don de se mettre soi-même des bâtons dans les roues. Ça se passe souvent inconsciemment, mais d’autres fois tout à fait consciemment : on se crée nos propres barrières, qui nous empêchent d’avancer. L’une de celles-ci a trait aux situations semblables qui se produisent dans notre vie.

Je m’explique.

Lorsqu’on vit un événement douloureux, on en sort inévitablement avec des séquelles. On a cependant le pouvoir d’éliminer ces dernières. Mais voilà, la plupart du temps, on ne fait rien. On choisit de revenir à notre vie trépidante en se disant que le temps arrangera bien les choses. Or le temps n’arrange rien. La meilleure preuve de cela est qu’une situation semblable à cet événement risque de se reproduire. En fait il est à peu près certain qu’elle se reproduira, car la Vie désire que l’on règle ce « problème ».

Quelle est alors notre réaction face à cette nouvelle situation ? On a peur, car elle vient en résonance avec la situation semblable que l’on a déjà vécue, pensant qu’il s’agit d’une situation identique. Or, tout comme il n’y a pas deux flocons de neige identiques, rien n’est identique dans l’Univers, que des choses semblables.

Donc, la peur nous paralyse, on s’abstient de vivre une nouvelle expérience destinée à abattre une barrière, on prend la fuite et… rien n’est réglé, tout est à recommencer. On sabote ainsi la chance que la Vie nous avait donnée, car il s’agit bel et bien d’une chance.

Deux exemples.

Vous avez eu une expérience malheureuse en affaires et vous rejetez les occasions futures de saisir une nouvelle opportunité. Pourtant, l’histoire regorge de gens d’affaires qui ont fait plus d’une faillite avant de devenir millionnaires.

Vous avez eu deux ou trois expériences qui n’ont pas fonctionné sur un réseau Internet de rencontres et vous concluez que les « femmes sont.. », ou les « hommes sont… ». Encore là, je connais personnellement de nombreuses personnes qui ont trouvé l’amour de leur vie après avoir vécu plus d’une expérience de couple.

Plus on exerce l’autosabotage, plus on érige des barrières sur notre route. Plutôt difficile d’arriver à destination !

On n’est pas obligé d’abattre une barrière, il suffit simplement de l’ouvrir. Penser que l’on doive faire des efforts insurmontables, c’est justement ériger une immense barrière entre deux facettes d’une même réalité, la situation actuelle et la situation entièrement réglée.

Comment faire ? Passer par le cœur…